Ghaith, 17 ans, élève de l’école Al Salam (à gauche).
« Ma famille et moi avons quitté la Syrie car la toute première victime dans ma ville, Idib, était de notre famille: ce n’était pas vraiment un proche mais il partageait le même nom de famille que nous, ce qui était suffisant pour nous faire figurer sur la liste noire du gouvernement. Ainsi, dès les débuts de la révolution, ma famille était sérieusement surveillée par le gouvernement. Nous avons passé une année en sachant que les milices nous avaient à l’oeil, et qu’ils pouvaient faire irruption chez nous à tout moment, et forcer mes frères à rejoindre l’armée, ou les emprisonner, ou alors tuer mon père. Nous étions effrayés, chaque jour, mais nous ne voulions pas quitter la Syrie, et nous sommes donc restés aussi longtemps qu’on le pouvait. Ensuite, nous nous sommes rendus en Turquie et avons vécu à Karakhan durant une année, sans pouvoir étudier car il n’y avait aucune école pour les syriens dans ce village. Quand ma mère a entendu parler de l’école Al Salam à Reyhanli, elle a fait tout ce qu’elle a pu pour nous y faire installer aussi tôt que possible. Pour le coup, la vie a été vraiment plus facile pour moi depuis que je suis entré à l’école Al Salam. J’adore les professeurs ici, l’équipe entière est adorable, et j’ai pu rencontrer Najeeb ici. Nous avons été meilleurs amis depuis le premier jour, nous sommes toujours ensemble, en classe, dans le bus scolaire.. le seul moment où nous ne sommes pas ensemble, c’est quand on est à la maison. On fait même notre travail bénévole ensemble à l’école ! »
Najeeb, 17 ans, élève de l’école Al Salam (à droite)
« En fait, c’est drôle parce que Ghaith et moi avons presque la même histoire, mais nous ne nous serions jamais rencontrés sans l’école Al Salam. Je suis aussi d’Idlib, sauf que je viens de la campagne, que le régime syrien a commencé à bombarder plus tôt. Toutes les écoles de ma région ont été détruites. Il n’y a aucun espoir là-bas, la vie s’est arrêtée, et c’est pourquoi ma famille a décidé de quitter Idlib en Janvier 2013. J’ai aussi vécu à Karakhan pendant 6 mois, où je ne pouvais pas étudier non plus, évidemment. Je pouvais passer toutes mes journées à la maison, sans rien faire. C’était très frustrant car nous ne parlions pas le turc, et je ne pouvais donc ps me faire d’amis. Quand on a entendu parler de l’école Al Salam, de son système d’éducation, ses bus, et la manière dont ils traitent leurs enfants, nous nous sommes directement rendus à Reyhanli. Al Salam était la seule école dont on avait entendu parler avant de prendre la décision de déménager, elle a vraiment une solide réputation parmi les réfugiés syriens ici. Et elle le mérite. Honnêtement, c’est même mieux que ce que j’imaginais, ils nous donnent tout ce dont on a besoin. Bien sûr, j’ai trouvé Ghaith ici, il me rend vraiment la vie plus facile. A chaque fois que j’ai un problème, quel qu’il soit, il me comprend. Mais les professeurs aussi comptent tous beaucoup pour moi. Avec tout le respect que j’ai pour eux, je ne peux que les considérer comme des amis ou de la famille. On s’aime tous beaucoup. «