Récemment, nous avons rencontré Khairo Khatib, un diplômé de l’école Al Salam qui étudie maintenant à l’Université Concordia à Montréal. Récipiendaire de l’une des bourses canadiennes de la Fondation des Enfants Syriens (SKF), Khairo nous a parlé de son parcours vers Al Salam, le programme réussi d’accélération de l’école, de sa passion pour les ordinateurs et de ses espoirs pour SKF de poursuivre et de développer son travail important.

Khairo et sa famille viennent originellement de Kafranbel, en Syrie, une ville proche d’Idlib. Il a vécu en Syrie pendant quelques années pendant la guerre et raconte qu’il n’était pas toujours sûr de quitter la maison et d’aller à l’école. Alors que la situation était compliquée et dangereuse, c’était toujours son pays, et Khairo n’était pas initialement enthousiaste de partir pour la Turquie. Mais en réflexion, il est reconnaissant qu’ils soient partis quand ils l’ont fait en 2013, car des millions d’autres n’ont pas eu la chance, et on ne sait pas quel aurait été leur avenir autrement.

Au moment où il atteint l’âge de la 11e année, Khairo n’avait pas terminé la 10e année en raison des circonstances fermant les écoles en Syrie. Il avait étudié les mathématiques de 10e année en privé avec un enseignant qu’il connaissait, mais il manquait d’éducation dans d’autres matières. Comme sa famille a déménagé entre différentes villes turques à leur arrivée, ces trous ont rendu difficile pour Khairo de reprendre de l’élan dans son éducation. Lorsqu’il a terminé la douzième année dans une autre école, il ne se sentait pas prêt à passer l’examen final standardisé, couvrant toutes les matières en 3 heures et le premier supervisé par le ministère turc. Pas tous, mais le ministère a fréquemment modifié ce test pour les Syriens au début, sans préavis ni information adéquats, créant plus de stress, de confusion et de pression pour des étudiants comme Khairo. Il n’a passé l’examen que pour voir les questions, et il est reparti bouleversé et déçu de sa situation.

Finalement, Khairo et sa famille se sont retrouvés par coïncidence à Reyhanli, la ville de l’école Al Salam où il s’est inscrit pour redoubler la douzième année. Khairo explique que ce n’est qu’à Al Salam qu’il a vraiment retrouvé une éducation de qualité. Le grand soutien de l’école l’a aidé et motivé à rattraper ses années manquées et à réussir ses examens avec des notes élevées et bien méritées.

Khairo est l’un des nombreux enfants entrant à Al Salm qui avaient leur éducation entrecoupée pendant plusieurs années en raison de la situation en Syrie, et qui ont pris du retard des élèves de leur âge. Au lieu de placer un jeune de 13 ans qui a arrêté l’école en 2e année dans une classe de 2e année avec des enfants beaucoup plus jeunes que lui, par exemple, Al Salam a organisé un programme d’accélération qui concentrait les parties les plus importantes de tous les programmes de ses années manquées en un seul année, afin qu’il puisse rejoindre son groupe d’âge l’année suivante. Si l’étudiant n’avait manqué qu’un an ou deux, le programme consisterait des cours supplémentaires et il pourrait rester avec son groupe d’âge. Avec ce programme, Al Salam encourage la santé mentale et la confiance en soi de ces étudiants tout en leur offrant une éducation complète. En effet, plusieurs de ces étudiants ont réussi à l’université, une fierté pour SKF.

Lorsque Khairo a eu l’opportunité d’obtenir une bourse canadienne de SKF à Al Salam, il apprenait déjà l’anglais comme objectif personnel, pas nécessairement pour l’examen TOEFL. Il savait que l’anglais était la langue de la science de nos jours, et il voulait apprendre afin de pouvoir lire librement les nouvelles recherches et développements qui l’intéressaient. Pour se préparer au TOEFL, il s’est engagé fréquemment à des sessions Skype avec divers tuteurs dans le programme de tutorat virtuel d’anglais de SKF. Il partage que ces sessions ont été si précieuses et utiles, non seulement pour l’occasion de se pratiquer à parler, mais aussi parce que de nombreux tuteurs avaient eux-mêmes passé le TOEFL et offrent des idées uniques de ce point de vue. Avec  plusieurs tests simulés et à l’initiative d’élargir régulièrement son vocabulaire, Khairo est devenu très à l’aise avec la nouvelle langue.

Maintenant au Canada, Khairo s’est très bien adapté au nouvel environnement depuis son premier semestre à Concordia à l’automne 2018, se faisant de nombreux nouveaux amis et s’installant dans un programme qui le passionne. Il étudie l’ ingénierie logiciel, suite à sa fascination pour les ordinateurs depuis son plus jeune âge. Avec 2 semestres à terminer, Khairo reste également engagé dans l’apprentissage pratique et les projets en dehors de la salle de classe, se préparant pour une carrière réussie.

À l’avenir, Khairo espère trouver un moyen de retrouver sa famille toujours en Turquie, où que ce soit dans le monde. Il ne les a pas vus depuis près de 4 ans, et surtout après le décès de son père, il exprime que c’est tellement difficile d’être absent si longtemps.

Quant à l’avenir de SKF, Khairo est très optimiste quant à la croissance de la fondation et espère en faire partie. Il souhaite voir davantage d’expansion des infrastructures, plus des programmes d’été pour la préservation de la communauté, plus de possibilités de bourses régionales et internationales, et des ateliers de programmation ou d’électricité pour les étudiants d’Al Salam avec lesquels il aimerait faire du bénévolat.

« Je veux qu’ils sachent que leur soutien porte ses fruits », partage-t-il dans un dernier message aux supporters de SKF, « et nous en sommes un exemple. Ce n’est pas seulement moi, tous les gens en Syrie ont traversé beaucoup de choses. Je veux profiter de cette occasion pour les remercier pour tout ce qu’ils ont fourni et tout ce qu’ils continuent de fournir. »